Un synode ou conseil ecclésiastique, tenu en 1025, déclarait que les illettrés devaient pouvoir s'instruire en regardant les peintures et sculptures des lieux saints. Les sculpteurs traitent, en effet, tous les sujets d'une vase encyclopédie, ils représentent les épisodes de la vie du Christ et de la vie des Saints, le combat des vertus et des vices, les travaux des différents mois : le paysan travaillant sa vigne, fauchant, moissonant, foulant le raisin; beaucoup d'animaux y figurent, soit réels comme le cheval ou le boeuf, soit fantastiques, tels le griffon, la licorne, le charadrius (oiseau qui, placé près d'un malade, "tait censé absorber sa fièvre), l'homme à pieds de cheval, ainsi que le sciapode, homme à un seul pied, sous lequel il s'abrite comme sous un parasol.
Les premiers sculpteurs romans ne travaillent pas toujours d'après nature, mais s'inspirent des oeuvres antérieures et empruntent parfois à la statuaire romaine ses proportions trapues. Peu à peu, ils se dégagent de cette influence, mais leurs personnages sont le plus souvent rigides, avec des vêtements droits, aux plis serrés; quelques fois un coup de vent semble retrousser le bas des robes. Tantôt les figures sont exagérement allongées, tantôt ce sont, au contraire, des magots, avec un buste et une tête énorme.
On trouve aussi des représentations de la Vierge en majesté, elle est assise sur un trône, elle a l'air sévère, l'enfant Jésus est assis sur ses genoux. Ces représentations sévères et dignes veulent montrer que la mère de Dieu présente le Sauveur à l'humanité. Certaines de ces vierges sont noires : bois d'ébène ou noircies au contact de la fumée des cierges ou perpetuité du culte d'Isis et d'Horus.
Les chapiteaux : ils offrent les exemples les plus purs et les plus variés de l'art roman.
Parois ornés seulement de nattes, câbles, torsades, rubans et chaînes ou de feuillages (feuilles d'acanthe), rosaces à quatre ou six pétales. Ils représentent aussi des animaux étranges : éléphants, sphinx, sirènes, oiseaux montés sur des qudrupèdes.
Mais souvent ils sont historiés, c'est-à-dire qu'ils reproduisent non seulement des personnages, mais des scènes entières : la faute d'Adam et d'Eve, la mort de Caïn, la lutte de l'ange et du démon, la fuite en Egypte, la Cène, Daniel dans la fosse aux lions, ...